Morgan Mirocolo


Morgan Mirocolo

Interview de Morgan MIROCOLO à l’occasion de la sortie de l'ouvrage Aux pieds de l'olivier aux éditions Arnaud BIZALION. Il a bénéficié de l’aide à la création et à l’édition du Département des Bouches-du-Rhône 2020.

 

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Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône (BD13) : Morgan Mirocolo, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Morgan Mirocolo (MM) : Morgan Mirocolo est un provençal.
En cela rien de péjoratif : son accent est compréhensible par n’importe quel français et il ne met pas de l’huile d’olive dans tous ses plats. C’est un provençal, un vrai, car c’est une de ces personnes qui est sensible à son territoire. Il a choisi la photographie pour transmettre ce que lui évoquent les paysages, les détails, les personnes et leurs coutumes.

Après avoir voyagé à la rencontre des gens en immersion pendant une année en Australie, Argentine, Chili, Islande, Inde et dans les pays méditerranéens, Morgan Mirocolo développe un travail personnel et artistique sur les habitants, la proximité, le terroir et les coutumes de la Provence de l’ouest, autrement appelée Le Pays d’Arles.

Biographie rédigée par Mattias Perez

 

BD13 : Comment votre passion artistique est-elle née ?
MM : Je viens d'une culture populaire où à la maison, on parlait plus de sport que d'art. Durant mon enfance, mon père m'amène voir une Course Camarguaise. J'ai été fasciné par le taureau. J'ai eu ce besoin, très rapidement de fixer ses mouvements. Le seul médium qui était accessible pour moi, était l'appareil photo.
Depuis, je ne conçois pas d'aller voir une course de taureaux sans mon appareil photo, ça fait plus de 20 ans que ça dure...


BD13 : Quelles sont vos inspirations, références ?
MM : Je voue une grande admiration à la limite de la fascination pour les peintres et les dessinateurs.
Le Caravage m'influence pour ses clairs/obscurs, tout comme Delacroix pour ses couleurs. 




BD13  Comment définiriez-vous votre art, Votre style ?
MM : De nature très timide (maladif presque), il est très difficile pour moi de parler de mon art.
Cependant, c'est l'appareil photographique qui me le permet et c'est un privilège de rencontrer des personnes ! Je suis sensible à l'histoire des gens qui font notre Provence.
Ce qui est bien dans mon métier, c'est que je ne m'arrête pas de rechercher des méthodes qui permettent de s'exprimer. Ce qui est vrai (à mon sens) ce jour, ne le sera peut-être pas dans 10 ans.


 

BD13  Si vous étiez une œuvre d'art, vous seriez ?
MM : Ça serait très réducteur, de sélectionner une seule œuvre d'art. Il y a tellement de beaux tableaux, de belles musiques, de poésies qu'il m'est impossible de choisir parmi ces différents travaux. 

 


BD13  Si vous étiez un lieu, vous seriez ?
MM : Sans hésitation une arène de Provence.
Ça me ramène tellement de souvenirs d'enfance. Notamment, une petite anecdote, quand j'allais aux arènes de Mouriès, avec mon papa, il fallait partir tôt afin d'obtenir une place pour assister à la course (camarguaise). A cette époque là, nous résidions à Orgon et nous devions traverser les Alpilles pour se rendre aux arènes. Et dans la montée qui longe les vignes de la Vallongue, nous croisions toujours un petit vieux sur son vélo qui faisait le déplacement des Paluds de Noves, pour se rendre à Mouriès. Cette passion débordante pour le taureau, nous fait faire des choses incroyables.


 

BD13 :  Si vous étiez un livre, vous seriez ?
MM :
Il y en a tellement mais la première chose qui me vient à l'esprit, c'est Mattéo de Jean-Pierre Gibrat.
C'est une bande dessinée. Encore une histoire de dessinateur et de peintre car la colorimétrie est réalisée à l'aquarelle.

 

BD13 :  Qu’est-ce qui a motivé la réalisation de cet ouvrage ? Pourquoi avoir choisi ce thème ?
MM :
Ce qui a motivé la réalisation de cet ouvrage, c'est la phrase de madame Ramade qui résonne encore en moi. C'est la doyenne, 102 ans à ce jour, qui, le soir de l'exposition m'a dit : " Quel honneur vous me faite de m'avoir photographiée " alors que ma pensée est inverse à la sienne, "quel honneur d'avoir accepté d'être photographiée mais également, d'être venue voir l'exposition".  
Et puis la Grand-Mère de ma compagne qui nous a quitté cet été, mais qui était moteur à ce projet. Elle m’a apporté beaucoup de soutien et de force dans toutes les étapes du projet. Je la revoie me guetter à la fenêtre, après chaque fin de prise de vue quand je rentrais à la maison (nous sommes voisins), elle attendait que je lui fasse le compte rendu de la séance. Elle a eu la primeur de voir le BAT du livre et j’étais tellement fier de pouvoir lui montrer. Ce projet a démarré en janvier 2019. Avec l'aide précieuse de Mireille, qui est une femme passionnée par l'histoire de notre village. J'ai eu la chance de pouvoir rencontrer et photographier dans un premier temps 40 personnes de plus de 70 ans. Au cours de nos rencontres, nous échangions sur le village de Mouriès. Toutes ces personnes ont un amour pour notre village. A la suite de cette première série de photographies, j'ai réalisé une exposition à l'Atelier-Galerie de Michel Stéfanini. Le soir du vernissage, c'était magique. Toutes les générations se sont retrouvées pour voir et célébrer nos ainés. Je n'ai pas pris la parole pour expliquer mon travail mais les quelques mots que j'ai sortis, c'était "Nous allons faire un Livre". Et l'engagement pris devant tout le monde m'a sur-motivé. A chaque fois que je me baladais dans les rues du village, les vieux m'arrêtaient pour me dire "il en est où le livre" ? Alors, de juillet à décembre toujours avec l'aide de Mireille mais aussi celle de Maryse, j'ai continué à collecter les histoires de nos vieux.

Ils ont tellement de choses à dire, à nous apprendre qu'il était très important pour moi d'écrire une petite page de l'histoire de Mouriès.


 

BD13 :  Choisissez une page de votre ouvrage et commentez-là
MM :
Le poème de Marcel Peyre.
Il raconte parfaitement l'idée du projet.
Sa rencontre était très importante pour moi. C'est une personne tellement sensible dotée d'une plume incroyable.

 

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BD13 :  Quel message, émotion souhaitez-vous transmettre au travers de vos œuvres ?
MM :
On ne photographie pas de la même manière, une course d'un taureau, une Arlésienne, un Torero, un paysage ou un match de rugby. Donc tout dépend du sujet que je photographie, mais pour ce travail réalisé à Mouriès, le message que j'ai envie de faire passer c'est que "C'est beau d'être vieux".



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BD13 :  Quels sont vos projets ? Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
MM :
Actuellement, je poursuis mon travail sur l'Arlésienne, personnage mythique qui me fascine. Après, la réalisation du calendrier de la Reine d'Arles et de ses demoiselles d'honneur, je prépare une exposition au Musée/Bibliothèque l'Inguimbertine à Carpentras (janvier/février 2022). Ça sera un Regard Croisé, " de la Comtadine à l'Arlesienne " en compagnie de Marie Plais et Patrick Trouche, le tout sera exposé pour la conférence de Christian Lacroix.


 

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